Les lettres sont datées du 24 décembre. Les 79 opposants au projet de la Pépinière 1 ont reçu notification que la Municipalité levait leurs oppositions, malgré le préavis négatif de la Division monuments et sites de la Direction générale des immeubles et du patrimoine. Si tant les lois que les règlements peuvent prêter à interprétation, le choix des Autorités challensoises a le mérite d’être clair: par leur action elles soutiennent les promoteurs et la densification. 

A quoi a pen­sé la Munic­i­pal­ité d’Echallens en datant du 24 décem­bre ses cour­ri­ers noti­fi­ant qu’elle lev­ait près de 80 oppo­si­tions au pro­jet de la Pépinière 1? Qu’elle fai­sait un beau cadeau aux pro­mo­teurs yver­don­nois qui souhait­ent saccager ce bel espace vert? Qu’elle gâchait agréable­ment les Fêtes des opposants chal­len­sois à ce saccage? Que le 24 décem­bre n’a pas de sig­ni­fi­ca­tion par­ti­c­ulière? Nous ne le saurons jamais.

Ce qui est cer­tain, c’est que les Autorités de notre petite ville ont choisi de priv­ilégi­er une den­si­fi­ca­tion max­i­male et le prof­it des pro­mo­teurs plutôt que le bien être des riverains et des nom­breux pas­sants qui, tous les jours, emprun­tent un chemin de mobil­ité douce sur lequel le pro­jet prévoit de faire cir­culer des voitures mal­gré l’étroitesse des lieux. C’est le choix de notre Munic­i­pal­ité, un choix qui s’inscrit dans la con­ti­nu­ité de la poli­tique menée lors de la lég­is­la­ture précédente.

Den­si­fi­er, oui, mais pas à n’importe quel prix

«Echal­lens est un cen­tre région­al et se doit, con­for­mé­ment aux direc­tives du Plan directeur can­ton­al, d’accueillir de nou­veaux habi­tants», argu­mente la Munic­i­pal­ité dans sa lev­ée d’opposition. Or si le Can­ton a pour objec­tif d’augmenter sen­si­ble­ment sa pop­u­la­tion – une course en avant dis­cutable – il ne souhaite cepen­dant pas l’atteindre à n’importe quel prix.

En effet, le fameux Plan directeur can­ton­al (PDCn) auquel se réfère volon­tiers la Munic­i­pal­ité con­tient notam­ment ceci: 

«Le cli­mat de con­cur­rence économique ne doit pas con­duire le Can­ton à réduire ses exi­gences en matière de qual­ité d’équipements et de pro­tec­tion de l’en­vi­ron­nement. Au con­traire, la qual­ité de l’air, de l’eau, des sols, des forêts, des paysages cul­turels ou naturels et des biotopes, est un enjeu plus stratégique que jamais…» (…)

«Le réseau écologique s’ori­ente sur la sauve­g­arde d’é­cosys­tèmes dynamiques (faune et flo­re) répon­dant aux aspi­ra­tions d’une société deman­deuse d’e­spaces libres. Elle se fonde sur les grands réser­voirs tra­di­tion­nelle­ment pro­tégés et se ram­i­fie jusqu’au cœur des villes, au fil des cours d’eau par exemple.» (…) 

«Le PDCn vise à ren­dre cette crois­sance com­pat­i­ble avec la préser­va­tion d’un cadre de vie de qual­ité, men­acé par l’urbanisation accélérée du ter­ri­toire. La qual­ité du cadre de vie présente un triple intérêt : · sur le plan économique, c’est un atout sig­ni­fi­catif pour attir­er des investis­seurs ; · sur le plan social, c’est un élé­ment-clé pour tous les Vau­dois ; · sur le plan du pat­ri­moine naturel et cul­turel, c’est une richesse à ne pas gaspiller.» (…)

«La den­si­fi­ca­tion doit con­tribuer à une amélio­ra­tion de la qual­ité de vie.»

A nous, Asso­ci­a­tion pour la Sauve­g­arde d’Echallens, il sem­ble évi­dent que le pro­jet de la Pépinière 1 con­tribue à une dégra­da­tion de la qual­ité de vie des riverains, des Chal­len­sois qui aiment à s’y promen­er, de ceux qui emprun­tent ce tra­jet de mobil­ité douce, de ceux qui jugent impor­tant de préserv­er la bio­di­ver­sité et les espaces de ver­dure, de ceux qui esti­ment qu’un pat­ri­moine vivant doit être trans­mis aux généra­tions futures.

Cela dit, nous enten­dons que la Munic­i­pal­ité ne partage pas nos préoc­cu­pa­tions, notre vision des choses, nos aspi­ra­tions. C’est son choix et sa lib­erté. Comme ce sont les nôtres de nous oppos­er à sa poli­tique, de ne pas être d’accord avec sa déf­i­ni­tion de ce qu’est le «développe­ment har­monieux et maîtrisé de notre com­mune» qu’elle «entend assur­er» d’après son pro­gramme de lég­is­la­ture 2021–2026.

Voilà pourquoi nous ne bais­sons pas les bras con­cer­nant le pro­jet immo­bili­er de la Pépinière 1 et que nous con­tin­uons à nous y opposer.

Nous vous tien­drons au courant de la suite des opérations. 

- Patrick Mori­er-Genoud -