Rassurant sur le papier, le projet Weinmann prévu au Grésaley est l’arbre qui cache la forêt

La mise à l’enquête du pro­jet de con­struc­tion par l’entreprise Wein­mann Ener­gies SA d’un immeu­ble de bureaux et de 40 places de parcs au pied du moulin Lan­di a, dans un pre­mier temps, ras­suré bon nom­bre de riverains, inqui­ets du développe­ment de cette zone indus­trielle située en bor­dure d’une zone vil­las et d’une zone sco­laire. Sauf que l’immeuble Wein­mann n’est que le pre­mier d’une série de pro­jets qui ver­ra la con­struc­tion de deux halles d’éco-broyage com­prenant des garages à camions et des locaux com­mer­ci­aux. Si nous nous opposons à ce pro­jet, c’est parce qu’au­cun amé­nage­ments n’est prévu pour garan­tir une cohab­i­ta­tion sere­ine et sécurisée entre des indus­tries, des écol­iers et des résidents. 

Sur le papi­er, le pro­jet de con­struc­tion mis à l’enquête au chemin du Grésa­ley 2 et 4 est plutôt ras­sur­ant : il prévoit la démo­li­tion des baraque­ments actuels et la con­struc­tion d’un immeu­ble de bureaux pour une cen­taine d’employés de Wein­mann Ener­gies SA, 40 places de parc extérieures et 17 places deux-roues. Située en zone indus­trielle, la par­celle, qui appar­tient à l’entreprise Mar­ti Con­struc­tion et jouxte le col­lecteur Lan­di, aurait tout aus­si bien pu accueil­lir une sci­erie ou autre bruyante usine. Un soulage­ment, donc, pour les riverains qui, trop heureux d’avoir échap­pé au pire, sont prêts à accepter l’augmentation de traf­ic provo­quée par l’imposant park­ing Wein­mann et à sac­ri­fi­er – bien qu’à con­tre-cœur – la bar­rière de sap­ins qui les pro­tégeait jusqu’alors des nui­sances sonores et de la pous­sière de la zone indus­trielle. En tout, sept arbres de près de 20 mètres de haut seront abattus.

Chemin du Grésa­ley. Actuelle­ment, les arbres pro­tè­gent les riverains des nui­sances provo­quées par la zone indus­trielle. Il est prévu de les abattre.

L’arbre qui cache la forêt

Les riverains qui se sont ren­dus à la séance d’information organ­isée par la Munic­i­pal­ité et les entre­pris­es con­cernées ont vite déchan­té. Car le bâti­ment actuelle­ment mis à l’enquête n’est qu’un pre­mier pas vers le développe­ment inten­sif de la zone. En effet, le pro­jet qui leur a été présen­té prévoit égale­ment l’extension des locaux de Lan­di et la créa­tion de nou­veaux silos ain­si que la con­struc­tion de deux halles com­prenant des garages à camions, deux locaux com­mer­ci­aux, deux locaux admin­is­trat­ifs, qua­tre loge­ments de ser­vice et une ving­taine de places de parc. Les halles accueilleront les engins de l’entreprise de com­postage Trans-Eco­Broy­age et ceux de l’entreprise Kar­loc, spé­cial­isée dans la loca­tion de machines de chantier. Enfin, un pro­jet d’activités arti­sanales actuelle­ment à l’étude com­plètera l’ensemble. Il admet la créa­tion de 30 places de parc supplémentaires.

160% d’augmentation de trafic au Grésaley

En tout, c’est donc plus d’une cen­taine de places de sta­tion­nement, sans compter les camions et les machines de chantier, qui occu­per­ont bien­tôt l’espace qui sert aujourd’hui de dépôt à l’entreprise de con­struc­tion Mar­ti. Le traf­ic sur le Chemin de Robel­laz, qui relie la route de Moudon au Grésa­ley, aug­mentera d’autant. Selon l’étude de mobil­ité en cours, 330 déplace­ments motorisés sup­plé­men­taires – con­tre 1100 par jour actuelle­ment – sont à prévoir sur sa par­tie sud, et env­i­ron 200 sur sa par­tie nord, soit une aug­men­ta­tion de traf­ic de 30% à 40% selon le tronçon. C’est toute­fois le chemin du Grésa­ley, aujourd’hui peu fréquen­té (env. 125 déplace­ments par jour), qui con­naî­tra la plus forte aug­men­ta­tion. En effet, le park­ing de l’entreprise Wein­mann, qui s’étendra au bord des voies, juste au-dessus de l’arrêt du LEB, et dont l’accès se situera en bas du Grésa­ley, provo­quera au quo­ti­di­en 200 déplace­ments sup­plé­men­taires, soit une crois­sance de traf­ic de 160%. Et ceci bien que les tracteurs de Lan­di ne l’emprunteront plus pour rejoin­dre le col­lecteur. Des chiffres par­faite­ment accept­a­bles, selon l’étude.

A droite, les silos, à gauche, le chemin du Grésa­ley. Le baraque­ment sera détru­it, et c’est là que doit pren­dre place le bâti­ment Wein­mann. C’est le petit chemin du Grésa­ley qui va devoir absorber tout à la fois les va-et-vient des 40 voitures et ceux des écol­iers pas­sant par la gare du LEB.

Il n’en reste pas moins que la créa­tion d’une cen­taine de places de parc – privées ! – à quelques mètres d’un arrêt du LEB a de quoi laiss­er songeur quant à la poli­tique de la Munic­i­pal­ité en matière de mobil­ité verte. D’autant que le pro­jet de park­ing Wein­mann, accolé au quai, con­damne d’ores et déjà tout agran­disse­ment futur de l’arrêt du Grésa­ley. Celui-ci, déjà très fréquen­té par les écol­iers se ren­dant au col­lège des Trois-Sap­ins et par ceux qui quit­tent la zone pour se ren­dre dans d’autres étab­lisse­ments, ver­ra sa fréquen­ta­tion explos­er lorsque le quarti­er accueillera, dans un futur proche, près de 1500 nou­veaux gym­nasiens de toute la région !

Des poids-lourds sur le chemin de l’école ?

On peut dès lors s’interroger sur la per­ti­nence d’une telle aug­men­ta­tion du traf­ic routi­er sur un tronçon aus­si fréquen­té par les écol­iers. En effet, les chemins de Robel­laz et du Grésa­ley sont par­mi les plus emprun­tés par les jeunes Chal­len­sois sur le chemin de l’école. La présence des poids-lourds de l’entreprise Trans-Eco­broy­age par­mi le traf­ic n’a rien de ras­sur­ant lorsque l’on sait que le chemin du Grésa­ley, rel­a­tive­ment étroit, ne pos­sède aucun trot­toir. En out­re, le pro­jet accorde à chaque entre­prise son pro­pre accès à la zone indus­trielle. Les véhicules de Lan­di et du pro­jet d’activités arti­sanales y accèderont depuis Robel­laz, tan­dis que l’entrée pour les véhicules de Trans-Eco­broy­age se situera en haut du Grésa­ley et celui de Wein­mann en bas. Autant d’entrées et de sor­ties qui ren­dront plus dan­gereux encore le pas­sage des pié­tons. Or le pro­jet Wein­mann mis à l’enquête ne men­tionne aucun amé­nage­ment prévu pour assur­er la sécu­rité des enfants. Enfin, le chemin qui longe actuelle­ment le quai du LEB, aujourd’hui fréquen­té par les promeneurs désireux d’éviter la route, sera con­damné. Pro­priété de Wein­mann, il ne sera soumis à aucune servitude.

Une zone industrielle au milieu des villas !

De façon générale, c’est tout l’aménagement de cette zone indus­trielle au cœur d’une zone vil­las et d’une impor­tante zone sco­laire qui inter­roge. En effet, l’affectation de la par­celle 372 en zone indus­trielle date de plus de 30 ans. Depuis, le nom­bre de vil­las dans le quarti­er a dou­blé, de même que celui des écol­iers. Le futur gym­nase, mal­gré des débuts chao­tiques (voir 24 Heures du 1er févri­er 2019) se fera tôt ou tard et achèvera de trans­former toute la zone nord-est d’Echallens. Il sem­ble dès lors impératif de repenser le plan de quarti­er et de l’inscrire dans une vision urban­is­tique qui tienne compte de son développe­ment. Et, en atten­dant, de min­imiser au max­i­mum l’impact de la zone indus­trielle. Car il est évi­dent que, à l’exception du col­lecteur Lan­di, dont per­son­ne ne con­teste les agran­disse­ments prévus, une zone indus­trielle n’a plus sa place aujourd’hui au Grésa­ley. A plus forte rai­son un pro­jet aus­si densifiant.

A ce titre, le pro­jet de bâti­ment admin­is­tratif de Wein­mann Ener­gies sem­ble à pri­ori plus adap­té. Dom­mage, dès lors, qu’il soit asso­cié aux autres pro­jets prévus sur la par­celle. Wein­mann est l’entreprise com­mu­nale qui emploie le plus de per­son­nel. Un argu­ment économique de poids (même s’il ne con­cerne en réal­ité que la fis­cal­ité puisque seuls 5 des 84 employés de l’entreprise sont Chal­len­sois). Moyen­nant quelques amé­nage­ments en faveur des riverains, des écol­iers et du développe­ment futur de la zone (amé­nage­ment de trot­toirs ou d’un chemin des écol­iers, zones tam­pon de ver­dure, préser­va­tion d’une par­tie des arbres, recon­sid­éra­tion de l’emplacement du park­ing et de son accès, etc.) le pro­jet aurait pu pass­er comme une let­tre à la poste.

L’accepter tel qu’il est présen­té aujourd’hui – c’est-à-dire tassé au sud-ouest de la par­celle – c’est, de fait, accepter la den­si­fi­ca­tion de la zone telle que prévue par le pro­jet dans sa glob­al­ité. Or, aus­si impor­tante que soit la jus­ti­fi­ca­tion économique, elle ne peut bal­ay­er à elle seule tous les argu­ments liés au respect des riverains, à la sécu­rité des enfants et à l’art de vivre des Challensois.

PS : Le pro­jet des halles d’éco-broyage sera déposé d’ici quelques semaines; sans réponse de la Munic­i­pal­ité, nous nous y opposerons pour les mêmes motifs.

Pour Sign­er l’opposition

Association pour la sauvegarde d'Echallens | ASE
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