Les futurs gymnasiens permettront-ils de dynamiser notre bourg, comme l’affirment les partisans du gymnase à Court-Champ? Quels sont leurs habitudes? Leurs déplacements? Leur implication dans la vie locale? Fabien Remund, qui a terminé son gymnase à Payerne l’année dernière, a accepté de répondre à nos questions. Son témoignage confirme celui des commerçants payernois interrogés.
Lors du débat sur le gymnase organisé le 2 septembre dernier au Collège des Trois-Sapins, un jeune Challensois, étudiant au gymnase de Beaulieu, a affirmé que lui et ses camarades fréquentaient régulièrement les commerces lausannois. Je le crois. J’ai moi-même fait mon gymnase à Lausanne et nous allions acheter nos repas de midi dans les cafés, boulangeries et autres épiceries locales. Il faut dire qu’à Lausanne, les commerces et les cafés sont partout, à proximité ou tout au moins sur le trajet de l’école.
Mais qu’en est-il dans une ville comme Payerne, plus proche de la taille et de la configuration d’Echallens, où le trajet qui mène au gymnase ne passe pas par le centre-ville? Pour le savoir, nous avons interrogé Fabien Remund. Pendant 3 ans, ce jeune étudiant qui habite au-dessus de Moudon a consacré 2 heures de trajet par jour en transport public pour suivre son gymnase à Payerne. Il est l’exemple même de l’étudiant pour lequel un gymnase à Echallens aurait été une aubaine. Il a pourtant répondu à nos questions le plus sincèrement possible. Son témoignage devrait mettre fin aux rêves de ceux qui croient encore que les gymnasiens dynamiseront notre bourg.
Quelles sont les habitudes des gymnasiens payernois à midi? Où mangiez-vous?
Principalement au restaurant du gymnase. Les menus y coûtent 10 ou 12 francs. Le gymnase de Payerne propose un porte-monnaie électronique que l’on peut recharger à volonté et utiliser à la cafétéria. La plupart des parents apprécient ce système. Quand j’y étais, 95% des étudiants avaient cette carte. Dans tous les cas, le budget moyen d’un étudiant est d’environ 10 francs par jour, ça ne permet pas vraiment d’aller manger ailleurs.
Vous n’alliez donc jamais manger en ville?
En moyenne une fois par semaine. En fait, ça dépend beaucoup des horaires et des programmes. Le gymnase de Payerne n’est pas directement à côté des commerces et nos horaires nous laissaient peu de temps pour aller au centre.
Et lorsque vous y alliez, quels commerces fréquentiez-vous?
Principalement la Coop et la Migros pour acheter une boisson et un sandwich à midi. Ou alors le «Mac Do», parfois le «kebab». Les bars à la mode, aussi, mais surtout le vendredi après les cours. Les autres jours, on n’avait pas trop le temps, on rentrait étudier. Le gymnase, ce n’est pas comme l’école obligatoire, on choisit d’y aller et, du coup, on se donne les moyens de réussir.
Et les autres commerces, les boulangeries, les épiceries, les kiosques, par exemple?
Assez peu, à moins qu’ils soient situés sur notre chemin ou juste à côté de la gare. Disons qu’on ne fait pas le détour pour ça.
Selon votre expérience de gymnasien, quel impact, positif ou négatif, peut avoir un gymnase sur une petite ville comme Echallens ou Payerne?
Euhmmm. C’est difficile à dire. Les gymnasiens, vous les verrez surtout entre midi et 13 h à la Migros. Ou le matin, à 7 h 30, entre la gare et le gymnase. Et là, il vaut mieux avertir les riverains, parce que quelques centaines d’étudiants qui débarquent, c’est impressionnant: ça forme une énorme colonne, la route est remplie de jeunes, impossible de passer avec une voiture. Un vrai bordel! En plus, quel que soit le chemin prévu pour eux, les gymnasiens prendront toujours le plus court, même s’ils doivent traverser des espaces privés. A Payerne, la police est intervenue plusieurs fois, mais ça n’a pas servi à grand-chose. Et puis un millier d’étudiants, c’est bruyant! A 17 ans, tu t’en fous de parler fort dans la rue.
Les gymnasiens de la Broye se déplacent-ils plutôt en transports publics ou privés?
Ils n’ont pas le choix, il n’y a pas de places de parc prévues pour eux à proximité du gymnase. Du coup, tous les transports publics sont bondés, les bus sont pleins, le train est plein!
Et les impacts positifs? Quid de la vie des sociétés locales, des clubs sportifs, etc.?
Ce que je peux dire en ce qui me concerne et que j’ai observé chez mes amis, c’est que nous avons continué à pratiquer nos activités, sportives ou autres, là où nous l’avions toujours fait, c’est-à-dire près de chez nous. Je pense que c’est valable pour la plupart des gymnasiens qui n’habitent pas juste à côté de Payerne.
- Propos recueillis par Corinne Bloch -
Posted: 21 septembre 2020 by ASE
«Le budget moyen d’un gymnasien est de 10 francs par jour, pas de quoi manger en ville!»
Les futurs gymnasiens permettront-ils de dynamiser notre bourg, comme l’affirment les partisans du gymnase à Court-Champ? Quels sont leurs habitudes? Leurs déplacements? Leur implication dans la vie locale? Fabien Remund, qui a terminé son gymnase à Payerne l’année dernière, a accepté de répondre à nos questions. Son témoignage confirme celui des commerçants payernois interrogés.
Lors du débat sur le gymnase organisé le 2 septembre dernier au Collège des Trois-Sapins, un jeune Challensois, étudiant au gymnase de Beaulieu, a affirmé que lui et ses camarades fréquentaient régulièrement les commerces lausannois. Je le crois. J’ai moi-même fait mon gymnase à Lausanne et nous allions acheter nos repas de midi dans les cafés, boulangeries et autres épiceries locales. Il faut dire qu’à Lausanne, les commerces et les cafés sont partout, à proximité ou tout au moins sur le trajet de l’école.
Mais qu’en est-il dans une ville comme Payerne, plus proche de la taille et de la configuration d’Echallens, où le trajet qui mène au gymnase ne passe pas par le centre-ville? Pour le savoir, nous avons interrogé Fabien Remund. Pendant 3 ans, ce jeune étudiant qui habite au-dessus de Moudon a consacré 2 heures de trajet par jour en transport public pour suivre son gymnase à Payerne. Il est l’exemple même de l’étudiant pour lequel un gymnase à Echallens aurait été une aubaine. Il a pourtant répondu à nos questions le plus sincèrement possible. Son témoignage devrait mettre fin aux rêves de ceux qui croient encore que les gymnasiens dynamiseront notre bourg.
Quelles sont les habitudes des gymnasiens payernois à midi? Où mangiez-vous?
Principalement au restaurant du gymnase. Les menus y coûtent 10 ou 12 francs. Le gymnase de Payerne propose un porte-monnaie électronique que l’on peut recharger à volonté et utiliser à la cafétéria. La plupart des parents apprécient ce système. Quand j’y étais, 95% des étudiants avaient cette carte. Dans tous les cas, le budget moyen d’un étudiant est d’environ 10 francs par jour, ça ne permet pas vraiment d’aller manger ailleurs.
Vous n’alliez donc jamais manger en ville?
En moyenne une fois par semaine. En fait, ça dépend beaucoup des horaires et des programmes. Le gymnase de Payerne n’est pas directement à côté des commerces et nos horaires nous laissaient peu de temps pour aller au centre.
Et lorsque vous y alliez, quels commerces fréquentiez-vous?
Principalement la Coop et la Migros pour acheter une boisson et un sandwich à midi. Ou alors le «Mac Do», parfois le «kebab». Les bars à la mode, aussi, mais surtout le vendredi après les cours. Les autres jours, on n’avait pas trop le temps, on rentrait étudier. Le gymnase, ce n’est pas comme l’école obligatoire, on choisit d’y aller et, du coup, on se donne les moyens de réussir.
Et les autres commerces, les boulangeries, les épiceries, les kiosques, par exemple?
Assez peu, à moins qu’ils soient situés sur notre chemin ou juste à côté de la gare. Disons qu’on ne fait pas le détour pour ça.
Selon votre expérience de gymnasien, quel impact, positif ou négatif, peut avoir un gymnase sur une petite ville comme Echallens ou Payerne?
Euhmmm. C’est difficile à dire. Les gymnasiens, vous les verrez surtout entre midi et 13 h à la Migros. Ou le matin, à 7 h 30, entre la gare et le gymnase. Et là, il vaut mieux avertir les riverains, parce que quelques centaines d’étudiants qui débarquent, c’est impressionnant: ça forme une énorme colonne, la route est remplie de jeunes, impossible de passer avec une voiture. Un vrai bordel! En plus, quel que soit le chemin prévu pour eux, les gymnasiens prendront toujours le plus court, même s’ils doivent traverser des espaces privés. A Payerne, la police est intervenue plusieurs fois, mais ça n’a pas servi à grand-chose. Et puis un millier d’étudiants, c’est bruyant! A 17 ans, tu t’en fous de parler fort dans la rue.
Les gymnasiens de la Broye se déplacent-ils plutôt en transports publics ou privés?
Ils n’ont pas le choix, il n’y a pas de places de parc prévues pour eux à proximité du gymnase. Du coup, tous les transports publics sont bondés, les bus sont pleins, le train est plein!
Et les impacts positifs? Quid de la vie des sociétés locales, des clubs sportifs, etc.?
Ce que je peux dire en ce qui me concerne et que j’ai observé chez mes amis, c’est que nous avons continué à pratiquer nos activités, sportives ou autres, là où nous l’avions toujours fait, c’est-à-dire près de chez nous. Je pense que c’est valable pour la plupart des gymnasiens qui n’habitent pas juste à côté de Payerne.
- Propos recueillis par Corinne Bloch -
Category: L'actu Tags: gymnase
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