Jean-Luc Schmalz est membre de l’Association pour la Sauvegarde d’Echallens. Il nous a envoyé ce texte qui propose une réflexion citoyenne quant au développement de notre petite ville. Laquelle donne parfois l’impression d’être comme la grenouille de la fable qui veut devenir aussi grosse que le boeuf, au risque d’exploser.
Le titre de cet article ne vous rappelle-il pas une célèbre fable? J’utilise cette référence pour tenter, sous une forme quelque peu légère, de faire part de problèmes de fond au niveau de la gouvernance de notre commune d’Echallens. Pleinement conscient de l’infinie complexité d’une gestion communale et admiratif devant ses élus miliciens qui s’engagent au quotidien, en y laissant parfois leur santé, je ne puis toutefois passer sous silence des problèmes de fond, relevés à plusieurs reprises et partagés depuis de nombreuses années avec le Syndic et sa Municipalité.
Dans cette petite bourgade, deux camps semblent se former immédiatement. Il y a celles et ceux qui disent que les autorités ont fait tout juste avec un programme de législature défini, la signature de la charte d’Aalborg, Agenda 21, une croissance mesurée du bourg d’Echallens, un ECO-quartier, des ateliers participatifs, une vision Echallens 2040 et des groupes de travail. Bref, avec toutes ces appellations gravées sur le papier, on ne peut effectivement qu’applaudir des deux mains ce désir d’anticipation. On imagine donc que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », qui plus est lorsque les édiles se délectent d’expressions comme « une fête grandiose, un rayonnement majeur, un des projets emblématiques pour la commune, etc. ».
Une politique de « noix sur des bâtons »
Pourtant les écueils constatés ces dernières années démontrent une politique participative à l’envi. Les choix fait et approuvés au sein de commissions, de groupes de travail et d’ateliers participatifs sont malheureusement modifiées quelques mois plus tard, par les mêmes dirigeants. Tout ne redevient alors qu’espoir et illusions ! Cette politique de « noix sur des bâtons », relevées à plusieurs reprises par des oppositions déposées par les citoyen-ne‑s habitant des zones particulièrement impactées par la volonté de croissance des Autorités communales, provoque une double tromperie. Chacun s’engage pourtant dans les débats et les projets, y consacre beaucoup d’énergie et de temps. Au final, ce sont des sentiments de tromperie, de décisions souterraines qui prédominent.
La séance du mardi 4 décembre à laquelle j’ai été invité par les Autorités, comme d’autres habitants de Citadella et des quartiers sud, est le reflet parfait d’un malaise profond ; la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Comme vous avez pu le lire dans 24 heures et le journal régional, des débordements scandaleux ont eu lieu lors de la fête offerte aux bénévoles de la FVJC. Ils étaient largement prévisibles, notamment en regard des autorisations d’horaires élargis, délivrées sans crier gare par la Municipalité, sous la couverture d’un formulaire POCAMA rempli en bonne et due forme. Oui, il faut que jeunesse se passe, qu’Echallens offre un bourg vivant. Oui, la Fête du blé et du pain fait du bien à l’économie locale, aux relations humaines, aux rencontres si importantes de nos jours, et à la culture challensoise. Oui, les infrastructures communales ou privées doivent permettre un développement de la commune, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas sans une réflexion globale.
- Il y a eu les dossiers de l’UAPE, de la ludothèque, des locaux de l’ASIRE et de la salle de gymnastique, naturellement redimensionnés et replacés en lien direct avec le parking de Court-Champ ; premier exemple d’un manque de vision au niveau des flux, de la circulation et de la sécurité, reconnu d’ailleurs par nos Autorités qui n’ont eu d’autres choix que de retirer le projet d’origine après la pertinence des oppositions.
- Aujourd’hui, un autre exemple: la suspension de la finalisation des terrains de sport attendus depuis de nombreuses années par les Ecoles de Court-Champ, sur l’espace de festivité du « Grain de folie » de la Fête du blé et du pain de 2008. Magnifique exemple de « rétro-pédalage ». Alors, comment justifier cela ? Un énorme travail en GT, qui se voulait participatif. Des dépenses engagées et une mise à l’enquête officielle qui a abouti.
- Etonnant également que des Autorités communales, si sensibles au cadre légal souvent mis en avant par elles-mêmes, ne répondent toujours pas encore — cela fait plusieurs années que ça dure — aux exigences fédérales au niveau du sport pour les jeunes. La salle de gymnastique transformée en étang, rendue encore plus inutilisable par des arguties juridiques, n’aide pas non-plus à répondre à ces obligations légales. Encore quelques années de patience me direz-vous.
- Que dire également du chemin de « mobilité douce » (cycles et piétons) prévu sur ce même terrain, et mis en avant comme argument suprême lors des premiers contacts pour la réalisation du futur écoquartier du Crépon?
Un temps d’arrêt est nécessaire
Peut-être avez-vous, comme moi, joué un jour au jeu SimCity. Pour développer les villes du futur, les algorithmes des concepteurs ne nous laissaient pas d’autres choix que de concevoir vos villes en partant d’abord des questions de flux, de déplacements et de sécurité. Je ne vous cache pas qu’en dix années de vie au sein de ce bourg, j’ai vu la situation des flux se péjorer chaque année. Pour exemple, l’intégration de quatre nouveaux giratoires de la route de Lausanne, que le bureau d’ingénieurs Christe et Gygax annonçait comme la garantie salvatrice aux engorgements d’entrée de bourg durant les heures de pointes, et qui ne résout en rien cette problématique. Je vous laisse imaginer la queue des véhicules, qui s’étend déjà au quotidien jusqu’à la Ferme du meuble» voire jusqu’au Garden Center, lorsque viendront s’ajouter les impacts du futur quartier du Crépon (850 habitant-e‑s), ainsi que l’éventuel futur Gymnase (1200 à 1500 élèves, les déposes des parents, les véhicules des professeurs, etc…) !
Bref, au moment où tout s’emballe et s’entrechoque, il me paraît urgent de prévoir un temps d’arrêt pour penser sereinement Echallens 2040 et ainsi éviter l’effet « coup par coup » trop souvent rencontrés ces dernières années. Bien sûr, les travaux des ateliers participatifs seront une excellente base de réflexion, mais ils ne refléteront en rien les préoccupations de l’ensemble des Challensois, en particulier celles des habitants des quartiers sud, spécialement concernés par des projets déjà réalisés dans la douleur, et ceci d’autant plus que, malgré leurs demandes, ils n’ont pas été invité à participer à ces ateliers.
Pour moi, tout cela porte ombrage à un bourg chaleureux qui a perdu son âme et qui, je l’espère, ne substituera pas son slogan actuel “Echallens, … un accueil, un art de vivre”, pour une formule un peu moins porteuse : “Echallens … un écueil, une tare d’y vivre” !
La fable revisitée
Peut-être qu’à lecture de ces lignes Jean de la Fontaine se retourne dans sa tombe et reprend sa plume en forme de clin d’oeil :
Un bourg du Gros de Vaud
Qui semblait de fort belle taille
Déjà si fier de son slogan … un art de vivre… pour les passants
N’avait de cesse que de s’enfler
Pour égaler, qui, on ne sait,
Disant : regardez bien mes braves
Est-ce assez ? Dites-moi ; N’y suis donc point encore ?
— Nenni. – Une cantine et une fête par ci — Une ludothèque par là
— Un salle de gym ici et une piscine plus bas
M’y voici donc ? – Point encore
— Un éco-quartier là-bas — Un LEB au quart d’heure, et bien à la bonne heure
Et maintenant y suis ? Que nenni
— Un gymnase par ici, si cela ne suffit !
M’y voilà ? Vous n’en approchez pas. L’ambitieuse commune
S’enfla si bien, d’une mobilité fatras, qu’à la fin elle creva !
« Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages »
Pour une concertation plus large
Sans réinventer la roue et pour rejoindre le projet Echallens 2040 et l’idée de « construire une vision ambitieuse pour l’avenir de notre commune », ne pourrions-nous pas envisager une plus large concertation que « les divers cercles d’intérêts qui représentent au mieux les opinions de l’ensemble de la population » ?
Ainsi les personnes, associations, commerçants, cercles et autres qui ont été écartées de ce dispositif pourraient faire entendre leurs voix. Dynamiser et enrichir les démarches en cours, par une posture RÉFLÉCHIE (en prenant en compte toutes les variantes possibles), RÉCEPTIVE (s’ouvrant aux idées et suggestions), RAISONNABLE (comprenant les avis divergents et se mettant à la place des autres), tout cela avant qu’il ne soit trop tard et que les positions soient trop figées, voire que des actions citoyennes plus radicales soient envisagées ?
Jean-Luc Schmalz, membre de l’ASE
Posted: 12 décembre 2019 by ASE
Echallens… grenouille ou boeuf?
Jean-Luc Schmalz est membre de l’Association pour la Sauvegarde d’Echallens. Il nous a envoyé ce texte qui propose une réflexion citoyenne quant au développement de notre petite ville. Laquelle donne parfois l’impression d’être comme la grenouille de la fable qui veut devenir aussi grosse que le boeuf, au risque d’exploser.
Le titre de cet article ne vous rappelle-il pas une célèbre fable? J’utilise cette référence pour tenter, sous une forme quelque peu légère, de faire part de problèmes de fond au niveau de la gouvernance de notre commune d’Echallens. Pleinement conscient de l’infinie complexité d’une gestion communale et admiratif devant ses élus miliciens qui s’engagent au quotidien, en y laissant parfois leur santé, je ne puis toutefois passer sous silence des problèmes de fond, relevés à plusieurs reprises et partagés depuis de nombreuses années avec le Syndic et sa Municipalité.
Dans cette petite bourgade, deux camps semblent se former immédiatement. Il y a celles et ceux qui disent que les autorités ont fait tout juste avec un programme de législature défini, la signature de la charte d’Aalborg, Agenda 21, une croissance mesurée du bourg d’Echallens, un ECO-quartier, des ateliers participatifs, une vision Echallens 2040 et des groupes de travail. Bref, avec toutes ces appellations gravées sur le papier, on ne peut effectivement qu’applaudir des deux mains ce désir d’anticipation. On imagine donc que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », qui plus est lorsque les édiles se délectent d’expressions comme « une fête grandiose, un rayonnement majeur, un des projets emblématiques pour la commune, etc. ».
Une politique de « noix sur des bâtons »
Pourtant les écueils constatés ces dernières années démontrent une politique participative à l’envi. Les choix fait et approuvés au sein de commissions, de groupes de travail et d’ateliers participatifs sont malheureusement modifiées quelques mois plus tard, par les mêmes dirigeants. Tout ne redevient alors qu’espoir et illusions ! Cette politique de « noix sur des bâtons », relevées à plusieurs reprises par des oppositions déposées par les citoyen-ne‑s habitant des zones particulièrement impactées par la volonté de croissance des Autorités communales, provoque une double tromperie. Chacun s’engage pourtant dans les débats et les projets, y consacre beaucoup d’énergie et de temps. Au final, ce sont des sentiments de tromperie, de décisions souterraines qui prédominent.
La séance du mardi 4 décembre à laquelle j’ai été invité par les Autorités, comme d’autres habitants de Citadella et des quartiers sud, est le reflet parfait d’un malaise profond ; la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Comme vous avez pu le lire dans 24 heures et le journal régional, des débordements scandaleux ont eu lieu lors de la fête offerte aux bénévoles de la FVJC. Ils étaient largement prévisibles, notamment en regard des autorisations d’horaires élargis, délivrées sans crier gare par la Municipalité, sous la couverture d’un formulaire POCAMA rempli en bonne et due forme. Oui, il faut que jeunesse se passe, qu’Echallens offre un bourg vivant. Oui, la Fête du blé et du pain fait du bien à l’économie locale, aux relations humaines, aux rencontres si importantes de nos jours, et à la culture challensoise. Oui, les infrastructures communales ou privées doivent permettre un développement de la commune, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas sans une réflexion globale.
Un temps d’arrêt est nécessaire
Peut-être avez-vous, comme moi, joué un jour au jeu SimCity. Pour développer les villes du futur, les algorithmes des concepteurs ne nous laissaient pas d’autres choix que de concevoir vos villes en partant d’abord des questions de flux, de déplacements et de sécurité. Je ne vous cache pas qu’en dix années de vie au sein de ce bourg, j’ai vu la situation des flux se péjorer chaque année. Pour exemple, l’intégration de quatre nouveaux giratoires de la route de Lausanne, que le bureau d’ingénieurs Christe et Gygax annonçait comme la garantie salvatrice aux engorgements d’entrée de bourg durant les heures de pointes, et qui ne résout en rien cette problématique. Je vous laisse imaginer la queue des véhicules, qui s’étend déjà au quotidien jusqu’à la Ferme du meuble» voire jusqu’au Garden Center, lorsque viendront s’ajouter les impacts du futur quartier du Crépon (850 habitant-e‑s), ainsi que l’éventuel futur Gymnase (1200 à 1500 élèves, les déposes des parents, les véhicules des professeurs, etc…) !
Bref, au moment où tout s’emballe et s’entrechoque, il me paraît urgent de prévoir un temps d’arrêt pour penser sereinement Echallens 2040 et ainsi éviter l’effet « coup par coup » trop souvent rencontrés ces dernières années. Bien sûr, les travaux des ateliers participatifs seront une excellente base de réflexion, mais ils ne refléteront en rien les préoccupations de l’ensemble des Challensois, en particulier celles des habitants des quartiers sud, spécialement concernés par des projets déjà réalisés dans la douleur, et ceci d’autant plus que, malgré leurs demandes, ils n’ont pas été invité à participer à ces ateliers.
Pour moi, tout cela porte ombrage à un bourg chaleureux qui a perdu son âme et qui, je l’espère, ne substituera pas son slogan actuel “Echallens, … un accueil, un art de vivre”, pour une formule un peu moins porteuse : “Echallens … un écueil, une tare d’y vivre” !
La fable revisitée
Peut-être qu’à lecture de ces lignes Jean de la Fontaine se retourne dans sa tombe et reprend sa plume en forme de clin d’oeil :
Un bourg du Gros de Vaud
Qui semblait de fort belle taille
Déjà si fier de son slogan … un art de vivre… pour les passants
N’avait de cesse que de s’enfler
Pour égaler, qui, on ne sait,
Disant : regardez bien mes braves
Est-ce assez ? Dites-moi ; N’y suis donc point encore ?
— Nenni. – Une cantine et une fête par ci — Une ludothèque par là
— Un salle de gym ici et une piscine plus bas
M’y voici donc ? – Point encore
— Un éco-quartier là-bas — Un LEB au quart d’heure, et bien à la bonne heure
Et maintenant y suis ? Que nenni
— Un gymnase par ici, si cela ne suffit !
M’y voilà ? Vous n’en approchez pas. L’ambitieuse commune
S’enfla si bien, d’une mobilité fatras, qu’à la fin elle creva !
« Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages »
Pour une concertation plus large
Sans réinventer la roue et pour rejoindre le projet Echallens 2040 et l’idée de « construire une vision ambitieuse pour l’avenir de notre commune », ne pourrions-nous pas envisager une plus large concertation que « les divers cercles d’intérêts qui représentent au mieux les opinions de l’ensemble de la population » ?
Ainsi les personnes, associations, commerçants, cercles et autres qui ont été écartées de ce dispositif pourraient faire entendre leurs voix. Dynamiser et enrichir les démarches en cours, par une posture RÉFLÉCHIE (en prenant en compte toutes les variantes possibles), RÉCEPTIVE (s’ouvrant aux idées et suggestions), RAISONNABLE (comprenant les avis divergents et se mettant à la place des autres), tout cela avant qu’il ne soit trop tard et que les positions soient trop figées, voire que des actions citoyennes plus radicales soient envisagées ?
Jean-Luc Schmalz, membre de l’ASE
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