Suppression de passages piétons, embouteillage de bus et de voitures aux heures de pointe, piétons obligés alors de se faufiler entre les véhicules: la Place de la Gare d’Echallens semble d’ores et déjà inadaptée à l’augmentation des usagers, ceci alors que les centaines d’habitants du nouveau quartier du Crépon et que les mille gymnasiens de Court-Champ ne sont pas encore arrivés.
● Comme prévu, l’espace «routier» de la Place de la Gare d’Echallens n’est pas adapté à une forte augmentation des usagers.
● Des bus doivent se parquer sur les lignes jaunes et sur les passages piétons, ce qui est interdit. Les passages piétons sont donc supprimés.
● Une étude est en cours; en attendant les résultats, nous allons être attentifs au respect de la totalité de l’espace vert actuel.
● Des chauffeurs de bus témoignent de leurs difficultés à circuler sur la place.
Deux passages piétons de la gare d’Echallens ont été supprimés. A une époque où la sécurité est devenue une préoccupation majeure, voir une obsession, cela peut sembler étrange.
Que s’est-il passé? Peut-être que tout a commencé avec ce Challensois qui, l’an passé, s’est plaint auprès de la Municipalité du fait que des bus se parquaient sur les lignes jaunes, devant la poste et la banque, empiétant aussi sur les passages piétons. Ce qui, on le conçoit, n’était pas optimal pour la sécurité des piétons et qui, surtout, contrevenait à la loi.
Au début de l’année, la Municipalité répondait au citoyen préoccupé que des bus de substitution s’étaient bien parqués là «en raison des travaux faisant suite au déraillement d’un train en gare d’Echallens». Puis, que depuis la mise en service de la cadence 15 minutes du LEB en décembre, une nouvelle ligne de bus circule chaque matin vers Lausanne-Beaulieu. Et qu’en plus, «afin de répondre à la demande, certains bus traditionnels (en terme de longueur) ont été remplacés par des bus articulés à plus grande capacité».
Plus il y a de trains, plus il faut de bus?
Arrivés là, on constate déjà qu’une augmentation du nombre de trains a coïncidé avec une augmentation des bus, en nombre ou en longueur. Tout ça alors que les centaines d’habitants du futur nouveau quartier du Crépon ne sont pas encore arrivés, ni les mille gymnasiens du futur établissement de Court-Champ.
On l’a compris, la gare d’Echallens n’est d’ores et déjà plus adaptée à une augmentation des usagers. Elle souffre d’un manque flagrant d’espace pour accueillir, aux heures de pointe, les bus, les voitures et même les piétons.
C’est pour ça que les bus doivent se parquer là où ils peuvent, y compris sur les passages piétons. Et comme c’est interdit, eh bien, on supprime les passages piétons.
La Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR), c’est-à-dire le Canton, a donné son accord, analysant: «Les vitesses pratiquées actuellement (sur la Place de la Gare, ndlr.) ne nécessitent pas la pose de signalisation et permettent l’effacement des passages pour piétons mentionnés dans votre lettre et de marquer les arrêts de bus.»
Erosion du goudron dû au passage des piétons?
Comme si ce blanc-seing du Canton ne suffisait pas, la Municipalité argumente également, par exemple, que «concernant le trafic piétonnier, il est constaté depuis fort longtemps que les cheminements ne respectent pas forcément les zones de traversées marquées. Les lignes de désir (sentier tracé graduellement par érosion en raison du passage répété de piétons) signalent un aménagement urbain peu approprié.»
Lorsque nous avons demandé à la Municipalité comment le goudron pouvait s’éroder en «raison du passage répété de piétons», nous n’avons pas eu de réponse. A nos questions concernant ce dossier, le syndic nous a répondu de contacter le municipal responsable, lequel nous a renvoyé à la «Communication municipale n°28 concernant le trafic automobile et piétonnier et les arrêts de bus à la place de la gare d’Echallens» (lire ce document en fin d’article).
Lorsqu’une règle n’est pas respectée, il suffit de la supprimer?
En résumé, un des arguments principaux de cette communication est que, les passages piétons n’étant pas utilisés par tous les piétons, il peuvent être supprimés: «Il faut rappeler que lorsqu’il y a un passage piétons, ceux-ci sont obligés de l’utiliser s’ils se trouvent à moins de 50 mètres dudit passage. Au vu des nombreux accès utilisés, il est constaté que cette règle n’est pas respectée. Pourtant, les conducteurs seraient en droit de s’attendre à ne pas croiser de piétons en dehors de ces marquages. En conséquence, la suppression des passages pour piétons à la place de la gare se justifie pleinement, sans que la sécurité soit péjorée.»
Oui, vous avez bien compris: si les usagers ne respectent pas une règle, on supprime cette règle. Ce qui est sans doute plus simple que de la faire appliquer. Surtout lorsqu’elle est inapplicable, puisque les automobilistes ayant garé leur véhicule sur les zones bleues devant la gare n’avaient, en l’absence de trottoir, pas d’autre possibilité pour rejoindre le passage piéton que… de marcher sur la route.
L’espace vert va-t-il être respecté?
On nous annonce qu’une étude sur la Place de la Gare est en cours. En attendant les résultats, l’Association pour la Sauvegarde d’Echallens va être attentive à tout ce qui pourrait menacer l’espace vert actuel, tout à la fois vitrine d’Echallens pour celles et ceux qui y arrivent par le train ou le bus, et espace de vie pour les Challensois, petits et grands.
- Patrick Morier-Genoud -
__________________________
«Pour les chauffeurs de bus, la situation est très inconfortable»
Que pensent les conducteurs de car postal du trafic à la gare d’Echallens?Nous avons discuté avec deux d’entre eux, un peu par hasard, alors que nous prenions des photos de la place. Ils nous ont livré leur espoir de voir la zone devenir piétonne.
− Vous prenez la Place de la Gare en photo? me demande un chauffeur de bus intrigué par mon manège.
− Oui, je photographie les passages à piétons, ou plutôt l’endroit où ils étaient puisqu’ils ont disparu.
− Et qu’est-ce que vous en pensez?
− Je me demande si c’est dangereux. Et vous, vous en pensez quoi?
− J’en pense que cette zone devrait être limitée à 20 à l’heure et être réservée aux cars postaux et aux piétons. Comme à Yverdon, où toute la zone autour de la gare est piétonne. Ou comme au centre de Cheseaux. Ici, tout est mélangé: des bus, des voitures qui reculent pour sortir des places de parc, d’autres qui s’arrêtent juste devant la poste, des cyclistes et des piétons qui surgissent de partout, sans parler de tous ces jeunes qui font du skate au milieu de la route! Aux heures de pointe, c’est vraiment tendu.
− Pour vous, en tant que chauffeur, c’est difficile à gérer?
− C’est très inconfortable!
− Le problème, si la zone devient piétonne, c’est qu’il manquera de places de parc pour les gens qui se rendent à la poste.
− Bien sûr, mais en attendant mieux, il est indispensable de prendre des mesures. Il n’y a pas assez de place pour les bus et cette situation ne peut pas durer. Ou alors il va falloir prendre sur la zone verte pour faire un parking. Je ne vois pas d’autre solution.
A quelques mètres de là, un autre conducteur de bus ouvre sa fenêtre.
− Trouvez-vous aussi que c’est un endroit stressant pour les chauffeurs?
Il lève les yeux au ciel et lâche un soupire qui laisse suggérer que le mot «stressant» est un euphémisme.
− Il suffit de regarder, dit-il en indiquant d’un signe de tête la place où deux jeunes gens en skateboard sont en train de se faufiler à toute allure entre une voiture et un immense bus articulé.
Il conclut d’un haussement d’épaule résigné, comme pour dire que la démonstration se passe de mots. Puis démarre pour se glisser à son tour, avec une aisance remarquable, entre les piétons et les véhicules.
- Propos recueillis par Corinne Bloch -
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La «Communication municipale n°28 concernant le trafic automobile et piétonnier et les arrêts de bus à la place de la gare d’Echallens»
Comme nous l’a proposé le Municipal en charge du dossier, Christian Monney, nous publions ci-dessous la Communication municipale no 28.
Posted: 5 mars 2021 by ASE
La place de la gare sous pression
Suppression de passages piétons, embouteillage de bus et de voitures aux heures de pointe, piétons obligés alors de se faufiler entre les véhicules: la Place de la Gare d’Echallens semble d’ores et déjà inadaptée à l’augmentation des usagers, ceci alors que les centaines d’habitants du nouveau quartier du Crépon et que les mille gymnasiens de Court-Champ ne sont pas encore arrivés.
● Comme prévu, l’espace «routier» de la Place de la Gare d’Echallens n’est pas adapté à une forte augmentation des usagers.
● Des bus doivent se parquer sur les lignes jaunes et sur les passages piétons, ce qui est interdit. Les passages piétons sont donc supprimés.
● Une étude est en cours; en attendant les résultats, nous allons être attentifs au respect de la totalité de l’espace vert actuel.
● Des chauffeurs de bus témoignent de leurs difficultés à circuler sur la place.
Deux passages piétons de la gare d’Echallens ont été supprimés. A une époque où la sécurité est devenue une préoccupation majeure, voir une obsession, cela peut sembler étrange.
Que s’est-il passé? Peut-être que tout a commencé avec ce Challensois qui, l’an passé, s’est plaint auprès de la Municipalité du fait que des bus se parquaient sur les lignes jaunes, devant la poste et la banque, empiétant aussi sur les passages piétons. Ce qui, on le conçoit, n’était pas optimal pour la sécurité des piétons et qui, surtout, contrevenait à la loi.
Au début de l’année, la Municipalité répondait au citoyen préoccupé que des bus de substitution s’étaient bien parqués là «en raison des travaux faisant suite au déraillement d’un train en gare d’Echallens». Puis, que depuis la mise en service de la cadence 15 minutes du LEB en décembre, une nouvelle ligne de bus circule chaque matin vers Lausanne-Beaulieu. Et qu’en plus, «afin de répondre à la demande, certains bus traditionnels (en terme de longueur) ont été remplacés par des bus articulés à plus grande capacité».
Plus il y a de trains, plus il faut de bus?
Arrivés là, on constate déjà qu’une augmentation du nombre de trains a coïncidé avec une augmentation des bus, en nombre ou en longueur. Tout ça alors que les centaines d’habitants du futur nouveau quartier du Crépon ne sont pas encore arrivés, ni les mille gymnasiens du futur établissement de Court-Champ.
On l’a compris, la gare d’Echallens n’est d’ores et déjà plus adaptée à une augmentation des usagers. Elle souffre d’un manque flagrant d’espace pour accueillir, aux heures de pointe, les bus, les voitures et même les piétons.
C’est pour ça que les bus doivent se parquer là où ils peuvent, y compris sur les passages piétons. Et comme c’est interdit, eh bien, on supprime les passages piétons.
La Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR), c’est-à-dire le Canton, a donné son accord, analysant: «Les vitesses pratiquées actuellement (sur la Place de la Gare, ndlr.) ne nécessitent pas la pose de signalisation et permettent l’effacement des passages pour piétons mentionnés dans votre lettre et de marquer les arrêts de bus.»
Erosion du goudron dû au passage des piétons?
Comme si ce blanc-seing du Canton ne suffisait pas, la Municipalité argumente également, par exemple, que «concernant le trafic piétonnier, il est constaté depuis fort longtemps que les cheminements ne respectent pas forcément les zones de traversées marquées. Les lignes de désir (sentier tracé graduellement par érosion en raison du passage répété de piétons) signalent un aménagement urbain peu approprié.»
Lorsque nous avons demandé à la Municipalité comment le goudron pouvait s’éroder en «raison du passage répété de piétons», nous n’avons pas eu de réponse. A nos questions concernant ce dossier, le syndic nous a répondu de contacter le municipal responsable, lequel nous a renvoyé à la «Communication municipale n°28 concernant le trafic automobile et piétonnier et les arrêts de bus à la place de la gare d’Echallens» (lire ce document en fin d’article).
Lorsqu’une règle n’est pas respectée, il suffit de la supprimer?
En résumé, un des arguments principaux de cette communication est que, les passages piétons n’étant pas utilisés par tous les piétons, il peuvent être supprimés: «Il faut rappeler que lorsqu’il y a un passage piétons, ceux-ci sont obligés de l’utiliser s’ils se trouvent à moins de 50 mètres dudit passage. Au vu des nombreux accès utilisés, il est constaté que cette règle n’est pas respectée. Pourtant, les conducteurs seraient en droit de s’attendre à ne pas croiser de piétons en dehors de ces marquages. En conséquence, la suppression des passages pour piétons à la place de la gare se justifie pleinement, sans que la sécurité soit péjorée.»
Oui, vous avez bien compris: si les usagers ne respectent pas une règle, on supprime cette règle. Ce qui est sans doute plus simple que de la faire appliquer. Surtout lorsqu’elle est inapplicable, puisque les automobilistes ayant garé leur véhicule sur les zones bleues devant la gare n’avaient, en l’absence de trottoir, pas d’autre possibilité pour rejoindre le passage piéton que… de marcher sur la route.
L’espace vert va-t-il être respecté?
On nous annonce qu’une étude sur la Place de la Gare est en cours. En attendant les résultats, l’Association pour la Sauvegarde d’Echallens va être attentive à tout ce qui pourrait menacer l’espace vert actuel, tout à la fois vitrine d’Echallens pour celles et ceux qui y arrivent par le train ou le bus, et espace de vie pour les Challensois, petits et grands.
- Patrick Morier-Genoud -
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«Pour les chauffeurs de bus, la situation est très inconfortable»
Que pensent les conducteurs de car postal du trafic à la gare d’Echallens? Nous avons discuté avec deux d’entre eux, un peu par hasard, alors que nous prenions des photos de la place. Ils nous ont livré leur espoir de voir la zone devenir piétonne.
− Vous prenez la Place de la Gare en photo? me demande un chauffeur de bus intrigué par mon manège.
− Oui, je photographie les passages à piétons, ou plutôt l’endroit où ils étaient puisqu’ils ont disparu.
− Et qu’est-ce que vous en pensez?
− Je me demande si c’est dangereux. Et vous, vous en pensez quoi?
− J’en pense que cette zone devrait être limitée à 20 à l’heure et être réservée aux cars postaux et aux piétons. Comme à Yverdon, où toute la zone autour de la gare est piétonne. Ou comme au centre de Cheseaux. Ici, tout est mélangé: des bus, des voitures qui reculent pour sortir des places de parc, d’autres qui s’arrêtent juste devant la poste, des cyclistes et des piétons qui surgissent de partout, sans parler de tous ces jeunes qui font du skate au milieu de la route! Aux heures de pointe, c’est vraiment tendu.
− Pour vous, en tant que chauffeur, c’est difficile à gérer?
− C’est très inconfortable!
− Le problème, si la zone devient piétonne, c’est qu’il manquera de places de parc pour les gens qui se rendent à la poste.
− Bien sûr, mais en attendant mieux, il est indispensable de prendre des mesures. Il n’y a pas assez de place pour les bus et cette situation ne peut pas durer. Ou alors il va falloir prendre sur la zone verte pour faire un parking. Je ne vois pas d’autre solution.
A quelques mètres de là, un autre conducteur de bus ouvre sa fenêtre.
− Trouvez-vous aussi que c’est un endroit stressant pour les chauffeurs?
Il lève les yeux au ciel et lâche un soupire qui laisse suggérer que le mot «stressant» est un euphémisme.
− Il suffit de regarder, dit-il en indiquant d’un signe de tête la place où deux jeunes gens en skateboard sont en train de se faufiler à toute allure entre une voiture et un immense bus articulé.
Il conclut d’un haussement d’épaule résigné, comme pour dire que la démonstration se passe de mots. Puis démarre pour se glisser à son tour, avec une aisance remarquable, entre les piétons et les véhicules.
- Propos recueillis par Corinne Bloch -
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La «Communication municipale n°28 concernant le trafic automobile et piétonnier et les arrêts de bus à la place de la gare d’Echallens»
Comme nous l’a proposé le Municipal en charge du dossier, Christian Monney, nous publions ci-dessous la Communication municipale no 28.
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Cheminons ensemble à pied vers la gare…
Category: L'actu Tags: Place de la gare
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