Plusieurs constructions récentes sont non conformes à la loi

Erreur d’appréciation? Depuis quelques années, la Munic­i­pal­ité accorde des per­mis de con­stru­ire à des pro­jets qui ne respectent pas le car­ac­tère archi­tec­tur­al des quartiers anciens. Des déci­sions pris­es au nez et à la barbe des préavis can­tonaux et des oppo­si­tions de citoyens.

Depuis 2014, au moins trois immeubles ont été con­stru­its au cen­tre d’Echallens qui ne respectent pas les règle­ments com­mu­naux et can­tonaux en matière de con­struc­tion, notam­ment en ce qui con­cerne les toits. En effet, ceux-ci imposent aux nou­velles con­struc­tions de sim­ples lucarnes ou des velux afin de préserv­er le style des toi­tures et, par là même, le car­ac­tère archi­tec­tur­al de la ville. Au lieu de quoi, les bâti­ments incrim­inés ne présen­tent pas les mod­estes lucarnes prévues, mais d’imposants bal­cons qui cachent en par­tie les toits. Une entorse au règle­ment qui per­met aux pro­mo­teurs immo­biliers peu scrupuleux d’augmenter le vol­ume des combles et leur prof­it. Et qui, visuelle­ment, trans­forme de dis­crètes habi­ta­tions de deux étages en blocs de trois niveaux inadap­tés à leur envi­ron­nement, comme autant de ver­rues au cœur d’Echallens.

Une habitante tire la sonnette d’alarme

En 2015, pour­tant, une habi­tante, Elis­a­beth Bavaud, sonne, sans le savoir encore, la fin de la récréa­tion. Désireuse de s’opposer au pro­jet de con­struc­tion prévu sur la par­celle qui jouxte sa pro­priété, cette Chal­len­soise con­sulte alors le règle­ment. Elle y décou­vre que les bal­cons prévus dans la toi­ture du bâti­ment en pro­jet à côté de chez elle néces­si­tent des ouver­tures bien supérieures à celles autorisées. Cet étage sup­plé­men­taire, gag­né sur le toit, déna­ture en out­re le site, situé juste en dessous de l’église catholique et classé «objec­tif de sauve­g­arde max­i­mum» par l’Inventaire Fédéral des Sites à Préserv­er (ISOS). Elis­a­beth Bavaud sig­nale cette non con­for­mité à la Munic­i­pal­ité dans son oppo­si­tion de décem­bre 2015. Entre-temps, le Can­ton donne un préavis négatif pour cette con­struc­tion. Qu’à cela ne tienne, la Munic­i­pal­ité lève l’opposition d’Elisabeth Bavaud sans argu­menter et accorde le per­mis de construire.

La Municipalité épinglée

La Chal­len­soise décide alors de faire recours auprès du Tri­bunal can­ton­al qui lui donne rai­son. Dans son arrêt du 17 févri­er 2017, il estime que la Munic­i­pal­ité d’Echallens «a de toute évi­dence mal inter­prété les recom­man­da­tions com­mu­nales en ques­tion, voire n’a pas recon­nu du tout les dis­po­si­tions per­ti­nentes». Suite à cet arrêt, la com­mune d’Echallens doit s’acquitter d’un émol­u­ment de CHF 1500.- à l’attention d’Elisabeth Bavaud. En tout, les frais d’avocat de cette dernière lui auront encore coûtés plus de CHF 6000.-. Une somme con­sid­érable, à la charge des citoyens qui enten­dent faire respecter le règle­ment et préserv­er leur cadre de vie! Récem­ment inter­rogée sur la non con­for­mité des bâti­ments con­stru­its préal­able­ment dans la com­mune, la Munic­i­pal­ité con­tin­ue, quant à elle, à met­tre en avant des «diver­gences d’interprétation».

Diver­gence d’interprétation ou pas, ce qui est cer­tain, c’est que la Munic­i­pal­ité aurait pu, elle aus­si, choisir d’interpréter les arti­cles de loi en faveur de la préser­va­tion du paysage. Elle aurait pu s’opposer à ces con­struc­tions selon des critères objec­tifs et veiller à ce qu’elles présen­tent une archi­tec­ture qui s’intègre à l’environnement. Elle aurait pu, mais elle ne l’a pas fait.

Quelques exemples de bâtiments non conformes construits récemment à Echallens

Association pour la sauvegarde d'Echallens | ASE
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